Tout pays démocratique dans le monde accorde le droit à ses citoyens de modifier sensiblement les actions du gouvernement en votant et en participant à la vie politique. Quand ces citoyens professent d’être chrétien, leur vote est-il différent ? Si la Bible nous dictait le choix d’un candidat ou d’un parti politique, tout serait simple. Mais elle ne donne pas de tels détails, pas plus qu’elle ne recommande un système politico-économique que nous pourrions soutenir.
Toutefois la Bible ne reste pas silencieuse quant au choix des dirigeants de la nation ou d’une politique sociale. En fait, elle donne des principes importants qui devraient motiver notre position et notre comportement dans la sphère publique, y compris dans l’acte de voter. Or, l’application des principes bibliques aux problèmes sociopolitiques contemporains ne va pas sans difficulté. On observe que des personnes qui sont d’accord sur les principes bibliques divergent souvent quand il s’agit de les appliquer à la politique ou aux programmes sociaux. Notre but ici n’est pas de fournir une liste de candidats recommandables, mais d’énoncer quelques principes de base pour favoriser une réflexion approfondie sur les implications de la foi dans les questions sociopolitiques de notre monde.
En préalable à tout débat, nous tenons pour acquise la confession de Jésus-Christ Seigneur et Sauveur. Cet engagement devrait surpasser tout sentiment nationaliste, tout intérêt économique ou toute idéologie politique. Nous devrions considérer notre participation au jeu politique comme un moyen au service du Christ pour promouvoir la paix, la liberté et la justice dans notre monde. Bien qu’insuffisants, les repéres suivants peuvent représenter le point de départ d’une réflexion sur les implications de la foi dans les questions publiques.
1. La famille est une institution de Dieu
La famille est la cellule de base de la société et l’institution responsable de l’éducation des enfants. Les chrétiens devraient résister à la tendance grandissante de l’État à usurper le rôle de la famille. C’est la volonté de Dieu pour l’homme et la femme qu’ils vivent ensemble dans un engagement pour la vie1. Par la législation et les aides financières, le gouvernement devrait favoriser la réalisation du plan biblique pour la famille, le mariage et la sexualité. L’administration civile devrait chercher à protéger et à sauvegarder le bien-être de la cellule familiale et l’aider à assumer les responsabilités que Dieu lui a données. Dans les cas où l’idéal biblique ne peut être atteint, celui des parents célibataires par exemple, l’État devrait assurer le bien-être des personnes concernées.
2. La vie humaine est sacrée
La valeur de l’homme vient du fait que nous sommes tous créés à l’image de Dieu (Genèse 1.27) et censés vivre pleinement une vie épanouie. L’histoire du salut (la vie, la mort et la résurrection du Christ) est la tentative de Dieu d’exprimer l’incommensurable valeur de chaque personne. La valeur de chacun ne dépend pas de son utilité sociale. Toutefois les chrétiens doivent soutenir les mesures qui défendent les droits de l’homme et qui permettent à chacun de vivre une vie plus épanouie, quels que soient son âge, sa culture et sa race. Redonner sa valeur à la vie humaine signifie que l’accès aux soins, à l’éducation, à l’emploi, etc., devrait être considéré comme un droit pour
chaque personne, surtout les plus défavorisées.
3. Les libertés civiles et religieuses sont des dons de Dieu et des droits inaliénables
Dans les Écritures, le choix d’une personne de croire ou de ne pas croire en Dieu n’a jamais été une condition à la bénédiction de Dieu en ce qui concerne la subsistance quotidienne (Matthieu 5.45). Le droit pour chacun de pratiquer sa foi ne devrait jamais être usurpé par l’État. Ainsi, le pouvoir civil devrait rester à l’écart des questions religieuses. Cela ne signifie pas que la morale et les lois civiles ne s’interfèrent pas ou n’ont aucun lien entre elles. Naturellement poussé à l’égoïsme, à l’individualisme et au pouvoir, l’homme a besoin d’un contrôle et d’un équilibre qui assurent le droit inaliénable à la liberté d’expression.
4. Dieu et son peuple s′intéressent particulièrement au sort des pauvres
Un des thèmes dominants dans la Bible est le désir de Dieu de faire justice aux pauvres et aux opprimés2. Dieu encourage ses disciples à entretenir la même préoccupation vis-à-vis de cette catégorie sociale3. Ce souci permettra de reconnaître l’existence d’un mal social (manifesté au travers des structures institutionnelles qui perpétuent des conditions d’oppression) plutôt que de se contenter de plaindre ceux qui n’ont pas de chance dans la vie. Il faut se méfier des hommes politiques qui, sous le couvert de la Bible parfois, perpétuent des lois et des règles injustes. Seuls les dirigeants qui, parmi d’autres choses, luttent pour plus de justice pour les pauvres agissent conformément aux Écritures.
5. Dieu demande des partenaires économiques loyaux dans la société
En matière d’économie, le point fondamental de la pensée biblique est que Dieu est souverain. Il est le seul véritable propriétaire de toutes choses4. Il a prévu que les ressources de la terre soient partagées équitablement entre tous les citoyens du monde. La Bible condamne aussi bien les paresseux que ceux qui s’enrichissent aux dépens des autres5. Ce principe implique que Dieu veut que les richesses soient redistribuées, réduisant ainsi la disparité entre riches et pauvres6. En fait, l’exigence divine de justice dans les affaires sociales et économiques est si forte qu’elle conduit à la ferme condamnation de l’oppression économique en Israël et en Juda7. Les chrétiens doivent soutenir toute politique économique qui vise à donner des chances égales à chacun pour qu’il gagne dignement sa vie.
6. Dieu demande aux chrétiens d′être artisans de paix
La violence se trouve à tous les niveaux de notre société. Celle-ci a désespérément besoin…[Suite dans la Revue Adventiste de mar 2017]